Projet Piscine

17 oct. 2010

elle

Elle me maintient dans un état de stress permanent. Il ne faut surtout pas que je me détende, il ne faut surtout pas que je m'oublie. Jusque dans les toilettes, elle me poursuit avec ses questions hargneuses et angoissées : tu as fait ceci ? quand est-ce que tu vas faire cela ? Et quelle que soit ma défense, elle trouve un reproche. Je suis de toute façon coupable depuis longtemps. Jamais elle ne me rassure. Elle n'a d'empathie qu'en une seule circonstance : lorsque je suis souffrante d'une maladie reconnue par la médecine, preuves à l'appui, température, plaques rouges... Là elle s'incline. Devant la médecine, elle s'incline. Les larmes qu'elle provoque ne l'émeuvent jamais. Elle ne les supporte pas. Elle me donne une gifle pour que je sache au moins pourquoi je pleure. Si je me plains, elle ironise, mais oui on sait que tu es malheureuse. Elle ne reconnaît pas l'angoisse qu'elle transmet. Si elle reconnaît certaines choses en de rares occasions, elle pleure aussitôt comme si c'était elle qui était à plaindre, pour que je la rassure et que je minimise. Je minimise, je la console, ça s'arrête là. Plus tard elle dit avoir fait de son mieux. Elle semble avoir réussi à s'en convaincre et à convaincre tout le monde.

Le tortionnaire fait de son mieux, la femme du tortionnaire fait de son mieux, l'assassin fait de son mieux, le violeur, le lâche, le parent du lâche, l'oncle et la tante, leur silence poli qu'ils appellent respect de l'éducation parentale, les bons cathos, les parents d'Eva Braun, ils ont tous fait de leur mieux. Il faut la complaisance d'une multitude de gens qui font de leur mieux pour asseoir l'autorité de dirigeants minables, d'un pouvoir abusif, d'une médecine barricadée, couvant ses oeufs d'or et barrant la route à d'autres ayant tout à fait oublié qu'elle fut un art, il faut le silence et l'apitoiement sur soi d'une masse d'impuissants démissionnaires pour asseoir les privilèges d'une bourgeoisie médiocre et sans âme sur laquelle on crache comme on jette des pierres dans un lac en attendant que ça flambe. La soumission, le silence, la minimisation, la peur, la honte et la lâcheté sont un soutien indirect apporté à la médiocrité au pouvoir. Pour faire des dominants il faut des dominés qui disent faire de leur mieux. On est tous responsable de la monstruosité du monde. Soit dit en passant, la culpabilité est partie intégrante du mécanisme. Elle ne permet pas d'ouvrir les yeux, même si elle peut être un passage incontournable, il ne faut pas y stagner. Il s'agit davantage de vouloir quelque chose sans doute. Souffler sur la braise chaque jour doucement.



3 commentaires:

  1. Je connais enfin la suite...
    Reste à transformer tout ça en paroles de chanson, why not? Ou pas, la lecture soutenue comme l'autre jour c'est bien aussi
    Mais le décalage "chanté joyeux" ça peut être marrant aussi...
    mmmm

    RépondreSupprimer
  2. Oui ou en écrire d'autres. N'hésite pas non plus.
    Chanson je ne vois pas trop, pourquoi pas, d'une façon différente, en gardant le sujet peut-être. Français chanté pas facile.
    Peut-être l'occasion d'intercaler des textes avec les morceaux aussi pendant qu'on fait des réglages. Hu huuu.

    RépondreSupprimer
  3. Ouais
    c'est un truc que j'aimerais bien faire
    mais je sais vraiment pas ecrire
    ou alors en automatique
    ça oui au petit matin
    Question faisage de chanson, je trouve quand même qu'il y a une energie debordante là dedans, un truc urgent, un bubon gonflé crevé ou à crever, bref quelquechose d'excitant qui fait que je me dit qu'une chanson là dessus, avec un peu de recul oui.
    Quoi voilà quoi
    jme dis
    . .. :: ///

    RépondreSupprimer


chrono